Reveil matinal

Aidan fut réveillé par un éblouissant projecteur d’un vaisseau qui passait à proximité. Plissant les paupières, il maudit les volets à ouverture automatique de la base et s’étira. Ses muscles le firent souffrir, lui tirant une grimace de douleur. Ses nombreuses missions avaient laissé des traces sur son corps et il en subissait les conséquences à présent. Il se leva lentement et s’approcha de la vitre, déposant presque son visage contre la paroi glacée. Dehors, l’on pouvait distinguer l’immensité de l’océan. La base rebelle était située à une profondeur telle que les radars les plus élaborés étaient incapables de la repérer de la surface. Sa construction était le résultat du génie des architectes modernes associé aux dernières technologies. Aidan regarda une espèce de requin frôlé la vitre et sourit. Malgré les quatre années qu’il avait passé sous l’eau, l’environnement sous-marin d’Ybaos le surprenait toujours. Il tapota la vitre de l’index alors qu’un étrange poisson passait à proximité et songea au programme de sa journée. Voilà trois jours qu’il restait inactif sur la base et il n’aimait guère cette monotonie. Aujourd’hui, il avait prévu de parcourir la base à la recherche d’une tache utile qu’il pourrait remplir, il détestait ne rien faire.

Il se débarbouilla rapidement avant de s’habiller, enfilant un jean et un tee shit. Il vérifia enfin qu’il portait toujours son collier, une manie qu’il avait chaque matin, et passa un premier étui de pistolet autour de la cuisse et un second à la ceinture. Il rangea ses deux « amis » qui lui avaient sauvé la vie plus d’une fois, bien qu’il doutait en avoir l’utilité sur la base.

*Autant ne pas prendre de risques* se disait-il souvent.

Quittant sa chambre, il traversa un premier couloir, saluant brièvement quelques connaissances. Il se dirigea vers le hall, une salle immense au centre de la base. Pénétrant au sein du hall par la porte qui donnait sur les dortoirs, il leva la tête pour contempler le toit panoramique. Le hall n’était qu’une immense sphère vitrée. Il offrait une vue magnifique lorsque les volets de protection n'était pas refermés et Aidan ne pouvait s’empêcher de profiter cette vue sublime qu’il offrait. Bien que le soleil venait de se lever à la surface, la base était éclairée artificiellement. La fosse dans laquelle elle se trouvait ne permettait pas aux rayons du soleil de l'illuminer et obligeait ses occupants à vivre à la lueur de lampes et néons, une chance pour les Contaminés qui ne supportaient pas les lumières trop vives. De nombreux rebelles se bousculaient dans la salle principale de la base. Aidan la traversa et s’adossa à un mur. Il bailla, s’ennuyant fermement lorsqu’un groupe de rebelle s’approcha de lui. Aidan croisa le regard écarlate de l’un d’entre eux.

- On n’a rien à faire, humain ?

Aidan sourit. Il savait qu’il n’était pas aimé de tous les Contaminés. Quoi de plus normal ? C’était un humain… La plupart des humains repoussaient les Contaminés et beaucoup de Contaminés haïssaient les humains…

- Vous êtes bien matinaux, répondit le jeune homme sans détourner le regard.

Il aurait pu l’humilier pour son arrogance. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait, mais il avait assez de tact pour éviter de se faire des ennemis au sein de la Résistance. Il se contenta de prendre congé :

- Je suis navré mais je ne vais pas pouvoir rester à bavarder avec vous, je n’ai absolument rien à faire…

Aidan sourit à ses propres paroles. Elles n’avaient aucun sens.

- A présent, si vous voulez bien m’excusez, une journée particulièrement ennuyeuse m’attend.

[i]Il passa entre deux rebelles, laissant volontairement ses épaules en avant et s’avança au sein du hall en soupirant.

Max était encore devant son ordinateur. Il y avait passé une bonne partie de la nuit d’ailleurs. Les systèmes qu’employaient la Hunt Corporation devenait plus complexe que d’habitude, ils s’étaient aperçu que leur réseau était piraté.
Toujours est-il que Kaleb avait enfin réussi à passer le système de sécurité … enfin …
Une cargaison de vaccin partait en provenance de Thelac pour aller vers le repère de la Hunt Corporation, et ce, dans 2 jours. Comme la dernière fois. Le vaisseau allait emprunter exactement le même trajet que la dernière fois … étrange. Il s’était fait volait leur cargaison déjà, et allait commettre la même erreur ? Et si … oui, ça devait être cela, un piège.

Max réfléchissait à toute vitesse, ces informations étaient confidentielles, elles permettaient aux différents ordres de s’organiser. C’était peut-être une fausse information pour tromper la résistance au cas où, mais les bons renseignements devaient y être, Max en était certain. Mais alors par quel programme avait-il caché les données ?
Et si … ils avaient utilisé un logiciel caméléon ! C’était ça ! Il fallait maintenant passer la barrière de celui-ci !

Encore quelques heures à passer devant cet écran, c’est partie.

Il était tôt dans la matinée … cette fois on pouvait dire que Max avait passé sa nuit devant l’ordinateur.
Et cette fois, il savait ne pas faire d’erreur. Un cargaison partait bien mais dans trois jours, et le soir. Ils emprunteraient une direction plus complexe et avec escorte. Fallait-il se risquer à prendre les antidotes ? Ce n’était pas à lui de prendre la décision. En même temps, si les Contaminés n’étaient pas soignés faute de vaccins, une crise général de démence ferait rage sur la base.

Max attrapa son sabre et sa veste, sortit de sa chambre et partit à la recherche de Koe. Il préférait en parler avec le jeune homme avant d’organiser un quelconque abordage avec les supérieurs.
Il descendit des escaliers et se dirigea vers le hall afin d’aller dans la cabine de l’intéressé.

Apparemment, il n’aurait pas besoin d’aller plus loin, il aperçut Koe discutant avec des Contaminés. Sûrement une légère altercation matinale, Max ne s’en faisait pas, l’humain avait une certaine prestance qui imposait malgré tout le respect.

Le chercheur trouva son collègue une minute après, le temps de se faufilait dans cette foule. Il ne prêta pas attention au décors, qui était pourtant magnifique. Un jour, il faudrait qu’il s’arrête et qu’il souffle un peu, profiter du spectacle ! Mais pas maintenant, il n’en avait pas le temps.
- Bien le bonjour Koe ! Pardonne moi, mais je vais t’agresser dès cette heure si précoce. Dit-il avec un grand sourire.
Voilà, j’ai décrypté quand aura lieu le prochain départ de la cargaison d’antidote.Il se tut, il ne valait peut-être mieux pas en discuter ici.
- Ça t’intéresse ?

Aidan sentit quelques regards se tourner dans sa direction. Il croisa celui d’une jeune rebelle et lui sourit. Un sourire charmeur, flatteur sans pour autant basculer dans la séduction ou la drague. Durant ses quatre dernières années, le surnommé Koe s’était affirmé, avait pris de l’assurance. Se servir au mieux de ses atouts était une des nombreuses conditions exigées pour les missions qu’il exerçait. Il envisageait d’entamer la conversation avec cette contaminée qu’il n’avait encore jamais vu lorsqu’il entendit une voix familière.

- Kaleb ! s’exclama-t-il en pivotant sur lui-même. C’est un plaisir de te voir à une heure si matinale, j’imagine qu’une fois encore, tu n’as pas pris le temps de fermer l’œil…

Il se tut à l’annonce du chercheur. Ses yeux s’illuminèrent. Ils auraient bientôt de l'antidote si tout se passait bien. Aidan pensa à sa sœur, elle qui en avait tant besoin… Il ferma le poing droit jusqu’à s’en faire souffrir. Malgré les années, il ne s’était toujours pas pardonné cette nuit là...
Il acquiesça d’un signe de tête quand le cyborg lui demanda s’il était intéressé. Il lui répondit avec un sourire :

- Si ça m’intéresse ? Allons Kaleb, tu me connais assez pour ne pas avoir à poser cette question.

Il regarda rapidement autour de lui. Trop d’oreilles indiscrètes… Il ne craignait pas la présence d’un traitre mais certaines choses devaient cachées, pour s’assurer que la base soit en sécurité. Un comportement irresponsable suffirait aux fédéraux pour découvrir l’emplacement de la base Alpha, et ça en serait fini de la Résistance. Ce n’était pas un hasard si les participants aux différentes missions étaient toujours soigneusement choisis avant d’être désigné, Aidan en avait pris conscience. Il reporta son attention sur son collègue et l’invita à s’éloigner du hall :

- Que dirais-tu de parler tout cela en privé ? Un certain mécanicien aux goûts vestimentaires particulièrement immondes ne nous a pas lâchés du regard depuis quelques minutes.

Aidan désigna l’intéressé du regard. Ce dernier baissa la tête et regarda son débardeur jaune d’un air étonné avant de s’éclipser hâtivement. Le jeune homme tendit un index vers l’une des passerelles du grand hall. Ces terrasses suspendues à quelques dizaines de mètres du sol servaient à la surveillance et à la défense mais elles étaient bien souvent usitées pour la détente, pour s’isoler ou simplement pour profiter de la vue. Aidan faisait parti de ceux qui n’hésitaient pas à s’y rendre sans raison valable.

- Allons là haut.

Entamant sa marche pour se rendre à l’échelle qui menait à la plate forme, il demanda :

- A qui en as-tu parlé ?

Écartant du bras ceux qui se mettaient en travers de sa route, il atteignit rapidement l’échelle et soupira, faute de matériaux, les rebelles avaient du se contenter d’une échelle… Il commença à grimper. Il avait choisi la passerelle la plus près, et la moins haute par la même occasion, seulement quelques mètres. Une fois en haut déclara au garde qui était de surveillance :

- Hey toi, Keyra te cherches, il veut te parler tout de suite. Nous te remplaçons, ne t’en fais pas.

Le garde, certainement nouveau dans la base hésita quelques secondes et finit par descendre après avoir bafouillé :

- D’accord, merci Koe.

Un sourire étira le visage d’Aidan. Son nom était-il si connu que cela ? Cela l’amusait.

Alors qu’il s’asseyait, une vague de nostalgie s’empara de lui, décidément c’était la journée… Il repensa au porteur original de ce pseudonyme… Koe… Il l’avait sauvé, avait sauvé sa sœur et lui avait offert une nouvelle vie, une vie meilleure et une raison de vivre… Il n’avait pas hésité à se jeter dans une mission suicidaire pour apporter des médicaments à la sœur du jeune homme. Aidan avait appris une chose, que ce monde ne pourrait pas s’en sortir si la solidarité ne prônait pas sur l’indépendance et l’égoïsme. Grâce à Koe, il avait appris à aider son prochain, sans rien attendre en retour. Il respectait cet homme plus que quiconque et il avait choisi de porter son nom pour lui rendre hommage et pour lui démontrer son respect. Aidan posa sa main sur son front et chassa ses pensées. Il devait se tourner vers le futur, non vers le passé. Retrouvant sa gaieté, il murmura à Kaleb :

- Je parie sur vingt minutes… avant qu’il ne comprenne qu’il n’y a aucun Keyra dans la base…

Il épia d’un regard amusé le jeune rebelle qui traversait le hall à la recherche d’un fantôme et fixa le chercheur, avec un air sérieux déroutant.

- Je t’écoute.

- Si ça m’intéresse ? Allons Kaleb, tu me connais assez pour ne pas avoir à poser cette question.

Le dit Kaleb ne s’étonna pas de cette réponse, le contraire l’aurait étonné. Koe regarda autour de lui et lui proposa, en désignant un individu étrangement habillé, qu’il valait mieux en parler ailleurs. Ici, les oreilles indiscrètes étaient nombreuses …
Il lui indiqua les passerelles, il est vrai que c’était un bon endroit pour discuter tranquillement, de plus pas tout le monde y avait accès.
Ils se dirigèrent donc vers l’endroit indiqué, Koe lui demanda à qui il en avait parlé.
- Tu es la première personne Koe. Comme toujours. Répondit-il en souriant. Il savait que la sœur du jeune homme était contaminée, il s’en voulait d’ailleurs. Même s’il ne connaissait pas leur histoire, Kaleb savait que leur enfance à tout deux avaient dû être terrible. Comme celle de beaucoup d’autres.

Ils grimpèrent sur l’échelle pour accéder à la passerelle. Koe apostropha le garde en lui annonçant qu’un certain Keyra le cherchait. Le chercheur leva un sourcil avant de comprendre que son ami se jouait de la nouvelle recrue.
Il observa le jeune garde partir en toute hâte, cherchant une personne imaginaire. Souriant, il se tourna vers Koe qui parier 20 minutes avant que le pauvre garçon ne s’aperçoive du leurre.
- Tu es bien gentil avec lui, le temps qu’il farfouille partout et surtout qu’il trouve le courage de demander à l’un de ses supérieurs qui est Keyra … je dirais plutôt le double !
Ils rigolèrent un instant avant d’entamer le vrai sujet de leur venu sur cette passerelle :

- Le cargo de médicaments partira dans trois jour, à 19h pile. Il sera escorté cette fois. On peut se demander s’il n’y a que des antidotes à l’intérieur. Ils emprunteront un chemin assez complexe je trouve, tiens regarde. Il sortit une carte du système d’Enarion indiquant le trajet du vaisseau. Ce qui est étrange est qu’ils rallongent leur course. Qu’en dis tu ?

Il laissa le jeune homme se pencher sur la question et prit enfin le temps d’observer les alentours. La vue étaient vraiment magnifique ici. Même si ce n’étaient que des lumières artificielles qui éclairaient la base, le bleu de l’océan dans lequel ils étaient plongés se reflétait sur les murs de l’enceinte. C’était relaxant, un peu trop même, surtout quand on n’a pas fermé l’œil de la nuit …

Kaleb s’étira et se malaxa l’épaule droite. Son bras électronique lui tirait un peu, comme s’il était trop lourd.

- Tiens, je crois que nous avions tout les deux tort, s’exclama-t-il. Voilà que ton jeune garde revient ! Et en compagnie de ses supérieurs. Montrant un petit groupe de trois s’approcher à vive allure vers leur passerelle, il plaisanta : Je crois que tu vas te faire encore une fois très apprécier des services de sécurité. Maître de l’éloquence, à vous de jouer !

[hrp]Petite dédicace discrète à Pirate des Caraïbes dans le post ^^[/hrp]

Aidan considéra Kaleb durant quelques instants.

*Trois jours… une escorte…*

Une seule certitude : dans trois jours, il fera parti de l’équipe chargée de récupérer l’antidote, peu importe ses ordres. Il détailla la carte et resta perplexe.

- C’est assez surprenant, en effet. Non pas qu’ils aient changé leur trajet, il fallait s’y attendre, mais ce chemin impose des détours inutiles… Un trajet plus simple aurait été suffisant pour nous éviter, il y a autre chose…

Il étudia la carte, les fédéraux avaient préparé un piège, c’était certain. Aidan remonta le parcours du convoi avec son index jusqu’à une bifurcation inattendue. Alors qu’un cheminement en ligne droite s’imposait, la Hunt Corp avait choisi d’imposer un détour au cargo. Pourquoi ? Aidan réfléchit, il connaissait cette région, le relief n’était pas avantageux mais il y avait un fort. Un poste avancé de la Résistance, abandonné depuis bien longtemps. Aidan pointa du doigt l’emplacement et déclara :

- Une embuscade, c’est l’endroit parfait… mais c’est trop prévisible, je ne comprends pas les fédéraux. Ils sont pourtant loin d’être stupides… Et pourquoi une embuscade aussi tardivement ? Leur plan m’échappe complètement et je n’aime guère cela… ou alors…

Et si le convoi n’était qu’un leurre ? Cela faisait des mois que les rebelles pillaient incessamment les cargaisons des fédéraux, une telle réaction serait des plus logiques. Une escorte, un faux convoi, une embuscade… tout cela lui semblait évident.
Un cri de rage se fit entendre dans le hall. Un contaminé qui perdait ses moyens. Il frappa un homme au visage, lui brisant le nez avant de se faire maîtriser. Dieu soit louer, ce contaminé n’était qu’à un stade peu avancé de la maladie, le virus était encore bénin chez lui, si une telle crise se produisait chez une personne gravement atteinte, les conséquences seraient bien pires…
Cet événement suffit à convaincre Aidan. Ils avaient besoin d’antidote. Ils se devaient de prendre le risque d’attaquer le convoi, devaient se préparer à déjouer d’éventuels guet-apens. Il s’apprêtait à exposer ses réflexions au scientifique lorsque celui-ci le devança. Aidan sourit en apercevant les trois rebelles grimper à l’échelle et leur fit même de la place pour s’installer sur la passerelle.

- Koe, combien de fois devrais-je te répéter de ne pas…
- Monter sur les passerelles de surveillance ? l’interrompit le jeune homme.
- C’est exact, rétorqua le haut gradé, visiblement agacé.
- Une fois de plus, malheureusement…
- Et combien de fois devrais-je te dire de ne pas…
- Embêter les jeunes recrues ?
- Oui ! s’énerva le contaminé.
- Pour si peu… s’exclama Aidan en fixant la jeune recrue d’un regard intense et déstabilisant. Encore une fois, je le crains…

Aidan replia discrètement la carte de Kaleb et la lui tendit dans son dos. Il tapota l’épaule de la recrue et lui souffla :

- Pardonne moi, c’est vrai, je n’aurais jamais du me jouer de toi… c’est quoi ton petit nom déjà ?
- Keyra, répondit le jeune contaminé, visiblement gêné.

Aidan arqua les sourcils et manqua d’éclater de rire. Il se retint et murmura :

- Mince, je ne pourrais plus la faire celle-là…

Invitant les gradés à s’écarter, il déclara :

- Navré, je dois m’entretenir avec certaines personnes immédiatement, les remontrances devront attendre.
- Quand grandiras-tu enfin ? répliqua l’un des contaminés.
- Le jour où vous baiserez les pieds d’un herg… tout dépend de vous maintenant.

Il entama sa descente et lorsqu’il fut arrivé, vérifia qu’aucune oreille n’était trop proche avant de demander à Kaleb.

- Revenons-en à notre convoi, que penses-tu de tout cela ?

Il préférait le questionner avant de lui donner son propre avis. Peut être avait-il fait l’impasse sur quelque chose, peut être n’avait-il pas pensé à tout. Si tel était le cas, peut être que Kaleb penserait différemment. En lui exposant sa version, il risquerait d’influencer l’avis du cyborg et de passer à côté de pistes intéressantes. Il s’assura que les deux contaminés étaient encore en haut avant de fixer Kaleb, attendant sa réponse.

Aidan invita son collègue à marcher dans la base, pensif. Le projet d’attaquer ainsi sans connaître les vrais intentions de l’ennemi était fou, et il serait refusé, assurément. Seulement, ils ne pouvaient se permettre d’ignorer un cargo chargé d’antidote, ils n’en avaient pas le droit. Le jeune homme se mordit la lèvre, que faire ?

- Tout ce dont nous avons parlé doit rester entre nous, si tu le veux bien… déclara-t-il finalement à Kaleb. Nos supérieurs refuseront la moindre tentative de raid et je ne peux que les comprendre seulement… il nous faut de l’antidote.

Il avait prononcé cette dernière phrase en fixant intensément le cyborg, pour lui faire comprendre qu’il avait pris une décision et que rien ne la lui ferait changer. Il évita un couloir trop fréquenté pour s’engager dans une aile déserte et s’arrêta, profitant de l’absence de rebelles :

- On ne peut pas se permettre d’envoyer une équipe attaquer le premier convoi, si c’est un piège cela risquerait de mal tourner, néanmoins… je vais y aller. Je vais partir en éclaireur, dans deux jours. Si le cargo est bien là, un tir de fusil à ion bien porté suffira à l’immobiliser et je n’aurais plus qu’à le détourner. Si c’est un piège, j’aurais plus de chance de m’en sortir seul, et puis… je ne mets personne en danger.

Aidan passa sa main à sa ceinture, caressant l’étui de son pistolet à blaster. Il y aurait certainement des pilotes au cargo. Comme si il se trouvait déjà face à eux, il sortit son arme et la fit jouer entre ses doigts. Il finit par s’assurer que la sécurité était toujours active et la rangea.

- Dans deux jours, si je ne suis pas de retour trois heures après mon départ, préviens les hauts gradés, demanda-t-il à Kaleb.

Il réfléchit encore et toujours, se creusant l’esprit pour dénicher la moindre faille dans son raisonnement, la moindre possibilité d’erreur, les pourcentages de réussite…

- Si le convoi dans deux jours est un faux, l’autre sera bien plus ardu à attaquer… Je partage ton avis, il nous faudra attaquer peu après leur départ, avant qu’ils n’atteignent le fort mais je ne suis pas rassuré. Si l’attaque s’éternise et que des renforts partent de Thelac, nous serons pris entre deux feux…

Il se prit la tête entre ses mains, attaquer ce convoi demandera l’aide de plusieurs groupes de rebelles, mais si c’était vraiment un piège… Un convoi d’antidote valait-il la vie de dizaines d’hommes ? Non, bien sûr que non. Mais pourquoi tant de précautions pour un simple cargo ?

- Que contient donc ce foutu cargo, murmura le jeune homme, s’énervant contre ses propres réflexions peu fructueuses.